Le 13 avril dernier, le ministre de la Santé Olivier Véran lançait une "vaste opération de dépistage" dans les Ehpad.
Ella a bien commencé dans notre région, certains établissements n'ayant pas attendu les consignes gouvernementales pour s'y atteler.
Maryline Bovée est une combattante. Ses armes, une infaillible volonté et un solide sens de l'humour qui la portent depuis le début de l'épidémie. Le 4 mars dernier, la directrice de "La Résidence du Parc" à Audincourt a pris, 15 jours avant l'annonce du confinement, la décision de fermer son établissement à tout visiteur. Malgré cela, le virus est quand même entré mais si plusieurs cas de covid-19 ont été identifiés, aucun décès à ce jour n'est à déplorer.
La campagne de dépistage a démarré dans son établissement le 3 avril dernier et elle a bataillé pour que résidents et personnel soignant soient tous testés.
Pour les patients, c'est un médecin de l'hôpital Nord Franche-Comté qui s'est déplacé à leur chevet avec tout le matériel de protection nécessaire, à changer bien sûr pour chaque prélèvement.
Les salariés eux ont dû se déplacer directement à l'hôpital de Trévenans.
Le problème est que les laboratoires eux-mêmes semblent débordés par l'afflux de tests qui arrivent... ceux que Maryline a contacté commencaient à manquer d'écouvillons et de réactifs. "Malgré toute la bonne volonté de tout le monde, on a eu à un moment donné une pénurie de masques et aujourd’hui on est peut-être face à une pénurie de tests".
"Il faut une montée en puissance sur le terrain"
L'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté précise que la plupart des Ehpad de la région ont démarré ces tests de dépistage. 65 établissements ont été identifiés comme prioritaires dans la région (essentiellement des Ehpad) et 3600 ont d'ores et déjà été réalisés.
En Haute-Saône, une cinquantaine de tests sont pratiqués chaque jour, "il nous en faudrait 200 par jour pour que ça passe bien" nous explique le président du département Yves Krattinger qui appelle à une "montée en puissance" de ces tests sur le terrain.
A cet égard, le département recherche du personnel de type infirmier pour pouvoir assurer au mieux tous les prélèvements en Ehpad. Des gens diplômés et volontaires bien sûr !
Qui va payer ces tests ?
C’est l’établissement avec sa dotation de soins ... Maryline Bovée, la directrice de "la Résidence du Parc" nous explique que l'établissement recevra sans doute une dotation supplémentaire mais "ce n'est pas l’heure de faire les comptes. On achète beaucoup en ce moment, des visières, des combinaisons... Aujourd'hui tout ce que je veux, c'est prendre correctement en charge mes résidents et assurer la sécurité de mes salariés. La vie n’a pas de prix. Je ferai tout pour sécuriser mes salariés et faire ce métier avec toute l’humanité que j’ai …Chaque jour qui passe me rapproche de la vie " conclut Maryline Bovée.
Une vie fragile, c'est aussi ce que nous disent les derniers chiffres publiés ce vendredi 17 avril par Santé Publique France : 386 décès liés au coronavirus ont été relévés dans les Ehpad de notre région. Le département du Doubs étant le plus touché avec 155 patients décédés. 29% des résidents en Ehpad dans ce département ont contracté le Covid-19.
Le Conseil d'Etat dit non au dépistage massif obligatoire dans les Ehpad
Plusieurs syndicats avaient déposé un recours auprès de la plus haute juridiction administrative en demandant au gouvernement de faire plus et de rendre obligatoire des tests massifs et le port des masques dans les Ehpad.Le Conseil d'Etat a rendu ce jeudi 16 avril sa décision: il est "matériellement impossible de soumettre, à bref délai, l'ensemble des personnels et résidents des Ehpad » à un dépistage ... le Conseil d'Etat juge que l'action de l'Etat ne constitue donc pas « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales ».